Voici la seconde partie (mais pas la dernière) de mon plaidoyer pour l'utilisation d'un vocabulaire précis.
Mais quel est ce leurre ? Et bien Shad dépend.
Les plus flagrantes erreurs de langages se cristallisent sur un terme, devenu emblématique d’un symptôme plus large : le terme « shad » rassemble à lui seul les plus grosses inepties, qui sont aujourd’hui dites, écrites, répétées et reproduites : un désastre sémantique ! Car un « shad » n’est pas un leurre ; non et il ne l’a jamais été.
Le terme "shad" signifie « alose » et désigne donc une famille de poissons. Il désigne en prime un profil de leurre plutôt haut et comprimé latéralement. Si BBF avait ressenti le besoin de franciser bêtement ce terme américain, nous l’aurions écrit « aloson ». Malheureusement, les juvéniles de l’alose dénommés alosons et colaquins ne sont plus assez abondants pour entrer en proportion suffisante dans le régime alimentaire des bass, au point d’en orienter la fabrication des leurres.
Muni de cette explications, on comprend à présent qu’un « shad » n’est pas un un leurre, mais une évocation, une forme, un profil.
Le célébrissime SHAD RAP de Rapala est un crankbait comprimé latéralement.
Le RED EYE SHAD de Strike King qui a permis à Kevin Vandam de remporter son troisième Classic est un lipless comprimé latéralement (comme tous les lipless, d’ailleurs). Les fabricants les plus sérieux ont souvent pris soin d’utiliser le terme « shad » pour préciser sa forme aux futurs acheteurs. Tout leurre au profil « haut et comprimé latéralement » peut donc répondre à la dénomination de « shad », les poissons nageurs, comme les leurres souples, qu’ils soient finesse , paddle tail, swimbait ou autres. Ce terme, ajouté au nom du leurre, renseigne au mieux en précisant la forme du leurre au consommateur.
Malgré cette règle élémentaire, facile à comprendre de tous, les européens du nord ont très mal compris la chose en prenant pour fâcheuse habitude de qualifier de « shad » tous les leurres souples de type « swimbait » : quelle monstrueuse erreur ! Mais comment ces derniers, si épris de commerce international, ont-ils pu commettre une erreur pareille ? Ont-ils pris la peine d’essayer de comprendre une discipline dont ils n’étaient pas les inventeurs ? Probablement pas ! Car un swimbait peut avoir une queue en forme de paddle (paddle tail) et offrir un profil plus ou moins arrondi. Le Mag Draft de Megabass par exemple ne sera jamais un shad et restera à tout jamais un swimbait.
De trop nombreuses marques ont agit par méconnaissance du vocabulaire et n’ont donc pas respecté les règles de grammaire qui régissent notre belle discipline. Et c’est bien dommage.
Vous voulez des exemples ? C’est facile, il y en a plein.
Commençons chez Fox : le « Spikey Shad » est un swimbait absolument pas comprimé latéralement puisqu’il est rond, idem pour le « Slick Shad ». L’efficacité du leurre n’est pas remise en cause par sa dénomination, que cela soit clair. Un gars chez Fox s’est simplement trompé de terme, mais il n’est pas le seul malheureusement. Certains fabricants japonais ont commis le même type d’erreur : Seiji Kato lui-même, pourtant l’un des plus grands concepteurs de leurres au monde a créé le I Shad (Illex) alors qu’il s’agit d’un minnow ! On va s’arrêter là, vous laissant le soin de vous amuser un peu à en chercher d’autres. J'ai pris Fox et Illex (Jackall) pour exemple : j'espère qu'ils ne m'en voudront pas, car en réalité, quasiment toutes les marques européennes et japonaises ont commis ce type d'erreur au moins une fois. Et moi le premier : il y a fort à parier que si l'on reprend tous mes articles, on constatera sûrement que j'ai commis la même erreur. Si les règles du bon sens avaient été respectées, ces trois swimbaits pris en exemple auraient dû se prénommer « Spikey Minnow », « Slick Minnow » et « I Minnow ». Car le terme « minnow » correspond lui aussi à une forme bien précise…
Le minnow à tort et à travers.
L’autre terme très en vogue parmi les dénominations de leurres, c’est « minnow »...
A suivre...